Que penser de la théorie solunaire
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L’opinion de Tony Burnand et Charles RITZ Après avoir lu et relu le livre « The modern angler » de KNIGHT, ils l’ont rencontré et ont correspondu avec lui. Dans le chapitre de leur livre « A la Mouche », consacré à la théorie solunaire ils écrivent : « …
avant de la considérer comme valable et comme ouvrant devant les pêcheurs des
horizons certainement immenses, nous avons demandé à voir, à vérifier, à
expérimenter non pas une fois , mais bien des fois, craignant malgré tout des
coïncidences heureuses ou l’on ne sait quelle autosuggestion ; et nous
avons tenu à faire contrôler les choses par des pêcheurs non prévenus. Le
nombre des résultats positifs, des expériences troublantes, s’est révélé
trop élevé pour que nous puissions continuer de douter … ». C’était écrit fin 1938 et publié en janvier 1939.
La revue « Au Bord De l’Eau » Dans son numéro 50 de mai 1939, elle publie un article conjointement signé par les auteurs du livre « A la Mouche » et intitulé « La théorie solunaire, qu’en penser, comment la mettre à l’épreuve ». Ils y exposent longuement la théorie de KNIGHT la faisant ainsi découvrir aux lecteurs de la revue qui a été le mensuel de référence des pêcheurs et chasseurs d’avril 1935 à avril 1972. Ils y écrivent : « nous considérons tous les deux la théorie solunaire comme un chose d’un très, très grand intérêt, ayant des bases scientifiques solides et donnant des résultats de nature à convaincre les plus sceptiques. Ceci sous les réserves que notre loyauté nous oblige de souligner ci-après.
…nous
savons, pour l’avoir contrôlé nous-mêmes depuis trois saisons, que le
nombre des confirmations est très nettement supérieur à celui des
infirmations » Ils font état de 1000 tables vendues par l’auteur dès la première année et 10 fois plus dès la troisième année. Elles en sont à leur 74ème édition américaine en 2008, ce qui signifie que plusieurs générations de pêcheurs leur ont déjà accordé un certain crédit. Dans le numéro 67 de juin 1941, est publié l’article d’un lecteur sous le titre « Une saison de pêche à la truite avec les tables solunaires ». Il y donne le compte-rendu détaillé de dix-huit sorties de pêche et termine ainsi : « Ce n’est pas à moi qu’il appartient de tirer telle ou telle conclusion, mais bien à vous , amis pêcheurs, quand ces notes vous tomberont sous les yeux. Permettez-moi seulement de vous dire que, maintenant je ne suis plus un sceptique mais un convaincu, quant à l’influence de la Lune sur le besoin de nourriture de la gent aquatique. »
Pierre BARBEILLON En 1941, dans la première édition de son ouvrage "Lancer léger et poissons de sport", Pierre BARBEILLON y expose très clairement les grandes lignes de la théorie de KNIGHT et il conclut: "Telle est la théorie solunaire à laquelle Tony BURNAND et Charles RITZ (et tant d'autres) qui ne sont pas des enfants, croient dur comme fer. Pêcheurs compétents, expérimentateurs avertis, ils nous apportent cette théorie qu'ils n'ont adoptée qu'après des essais répétés, dans des eaux très poissonneuses qui la mettent mieux en valeur. Les résultats sont impressionnants. Pour nous, nous leur faisons confiance. Notre expérience personnelle n'est pas encore assez approfondie, mais, pour la truite surtout, nous estimons que les heures solunaires sont souvent valables. Dans l'ensemble, notre conviction est qu'il y a là quelque chose de nouveau, d'important et de solide qui, bien entendu, demande encore beaucoup de recherches et de vérifications, à nous tous de les faire. Et n'oublions pas de tenir compte des conditions locales de l'eau et du temps. Nous aurons la chance, dans bien des cas, de connaître le meilleur moment pour être au bord de l'eau... et cela nous donnera confiance ... et réussite."
Mais
il ajoute « N’allez surtout pas imaginer que par cette recherche de
la précision nous vous invitions à condamner la théorie solunaire……Une
force d’ordre physique, située parmi celles que nous pouvons actuellement
considérer comme définies s’incarnant dans une manifestation physiologique –
déclenchement de l’appétit des poissons- ne doit pas être niée a priori La
théorie solunaire semble intéressante. Il faudrait pour lui donner une base
indiscutable, des expériences nombreuses sur des rivières très peuplées.
Beaucoup de pêcheurs, clairvoyants observateurs, semble-t-il, ont foi dans la
théorie solunaire. Mais on n’en parle plus assez à notre gré. Nous
voudrions voir se dessiner une grande enquête, une large discussion où les éléments
recueillis dans d’innombrables carnets de pêche, nous apporteraient peut-être
quelque lumière. »
Le point de vue du Vieux Moucheur Il pêche à la mouche depuis bientôt cinquante ans et a découvert l’existence des tables solunaires depuis presque aussi longtemps. Bien que n’ayant jamais tenu de carnet de pêche, l’expérience de leur pratique l’a convaincu de la validité de la théorie de KNIGHT. En effet, les périodes solunaires se sont avérées coïncider, pas toujours mais très souvent, avec les moments d’activité alimentaire du poisson. Il existait une trop grande corrélation pour n’être que le fruit du hasard et ne pas y croire. Il y a quelques années, à l’occasion d’un exposé sur la théorie solunaire aux participants de l’association de moucheurs qu’il avait créée, une expérience intéressante avait été faite. Il avait été demandé à ceux qui étaient en mesure de le faire, de fournir lieu et date de une ou plusieurs journées de pêche mémorables de leur précédente saison. Paramétrée en conséquence, la Casio avait indiqué les heures des périodes solunaires du lieu en question, pour chacun des exemples fournis. Résultat : toutes les pêches citées avaient été faites dans une des périodes indiquées rétroactivement par la montre. Nombre de participants se sont ensuite empressés d’en faire l’acquisition et l’utilisent toujours depuis. Membre de l’équipe des collecteurs de l’Inventaire des éphémères de France (INVFMR) et ayant procédé à un élevage en aquarium d’une collecte de quelques dizaines de larves de Siphlonurus, le Vieux Moucheur écrivait ceci en avril 1999 dans le compte-rendu qui accompagnait l’envoi de ses piluliers au coordonnateur de l’équipe et correspondant du Muséum d’Histoire Naturelle de PARIS : « Rythme
et horaire des éclosions : Elles
semblent ne pas se synchroniser massivement. Elles paraissent se faire par
petits paquets. Depuis quarante ans, j’ai constaté une corrélation certaine
entre les heures données par les tables solunaires de KNIGHT et l’activité
des truites (valable dans 70 à 80% des cas). Ce n’est qu’après les
premiers jours d’éclosion que je m’en suis souvenu. J’ai donc cru intéressant
de noter ces périodes données par la montre « Casio Fish en time »
réglée aux coordonnées de St Sébastien. Le résultat est assez étonnant. Pratiquement toutes les éclosions sont dans la fourchette admise de une heure, voire à quelques minutes près quand j’étais présent pour noter l’heure précise. Il semble en être de même pour le passage à l’imago sauf le 17 et le 19. Le temps des 16 et 17 a été épouvantable (tonnerre, pluie, grêle etc.) Il n’y a pas eu d’éclosion et la mue imaginale des subimagos éclos les 13 et 14 semble avoir été retardée d’une demi-journée. » Il serait intéressant de suivre cela avec plus d’attention et de faire des observations plus précises lors d’expériences ultérieures d’élevage ». En guise de conclusion Trop de pêcheurs, pendant et depuis trop longtemps ont pu constater qu’il se passait souvent quelque chose de remarquable aux périodes solunaires pour ne pas leur témoigner un intérêt certain. La forte corrélation entre les périodes d’activité du poisson, et celles qui sont calculées selon la méthode de KNIGHT est trop patente pour jouer les sceptiques a priori sans les avoir expérimentées. Par contre, il est non moins évident que l’attraction solunaire n’est pas la seule en cause et que d’autre facteurs interviennent de façon aléatoire pour que ce qui aurait dû normalement se passer ne se produise pas : rapide modification de la rivière (lâcher de barrage, faucardage etc.), brutale et forte variation du baromètre, orage, plus ou moins bonne forme technique du pêcheur etc.. Il ne faut donc pas leur demander plus qu’elles ne peuvent donner. Leur plus grand mérite est sans doute possible de faire connaître à l’avance, voire à distance, et pour un lieu déterminé, les moments où il est ou serait souhaitable d’être en action de pêche. Et pourquoi pas, pour les acharnés les moments pendant lesquels il est ou leur sera possible d’envisager une pause casse-croûte ! Le Vieux Moucheur, Mai 2008 Références bibliographiques
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