LE VIEUX MOUCHEUR 

2 - La canne

 

 

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LA CANNE

Trois paramètres sont à prendre en considération lors du choix de la canne: longueur,puissance et type d’action.Tout est théoriquement possible en la matière et tout ou à peu près tout et son contraire a déjà été dit sur le sujet.

Canne à une main ou canne à deux mains?

J’ai lu que d’aucuns pêchaient le brochet au fouet avec des cannes à saumon de 14 pieds à deux mains et s’en trouvaient bien. N’y croyant pas, j’ai monté une des miennes, pour voir. Et depuis je n’y crois plus du tout.

De mon côté, à la suite d’une erreur de réglage, une canne en bambou refendu de 7 1/2 pieds que je rabotais pour la truite s’est for­tuitement transformée en une canne qui lançait merveilleusement bien une soie de 10. J’ai pêché et pris du brochet avec. Mais l’essai a été de courte durée et je ne m’en sers plus.

En effet, les cannes courtes à une main, comme les cannes longues à deux mains, sont inadaptées à ce type de pêche. Nous verrons plus loin pourquoi.

Canne passe-partout ou canne puissante?

J’ai lu sous la plume d’un auteur réputé que des cannes puissantes à une main constituaient de véritables casse-poignet au bout d’une ou deux heures de pêche et qu’il y avait lieu de vilipender l’illusion de la puissance, le plaisir résidant dans la durée de la lutte. J’ai lu aussi ailleurs que la pêche du brochet au fouet pouvait s’accommoder d’une canne de réservoir et d’une soie de 6/7.

Pour ma part, il m’est arrivé il y a longtemps, de prendre des sujets de 60 centimètres sur canne à ultra-léger et fil de 14/100ème avec sa faible résistance d’alors. Je peux donc témoigner qu’un poisson brutal et puissant peut se prendre sur canne très souple et sur fil arachnéen. Oui certes! Mais à condition de ne pas vouloir le remettre à l’eau complètement asphyxié et quasi-mort et de lui réserver une résurrection auréolée de beurre blanc.

Je n’ai pas des bras de bûcheron et ne suis plus dans ce qu’il est d’usage de considérer comme la force de l’âge de la pleine maturité. Pourtant je puis attester que depuis plusieurs années, j’ai pêché souvent à raison de 8 heures par jour, une semaine d’affilée, et ce avec des cannes puissantes à une main, des soies lourdes et des leurres volumineux, sans fatigue anormale du poignet ni épicondylite. Le phénomène de “casse-poignet” évoqué ci-dessus me paraît donc se situer ailleurs, probablement plus dans la technique de lancer que dans l’utilisation d’une canne puissante.

Les critères du choix

Les leurres qui semblent les plus pêchants manquent, par construction délibérée comme nous le verrons, d’hydrodynamisme et donc aussi d’aérodynamisme. De ce fait ils sont délicats à propulser. Ces leurres sont souvent, dans le premier temps de l’attaque, serrés dans l’étau d’une gueule de poisson pratiquement “pavée” de dents. Ceci implique une soie lourde, une canne puissante pour projeter le tout et ferrer énergiquement.

Les distances utiles et courantes de pêche sont rapprochées (entre 10 et 15 mètres) car la précision du posé, le contrôle du leurre et du ferrage priment la distance. Au delà de 20 mètres, ce contrôle devient problématique et ce ne me semble plus être de la pêche mais du casting.  Les longs lancers sont donc rares et peu souhaitables. En outre, pour être pêchant, le leurre doit être travaillé la plupart du temps jusqu’aux pieds du pêcheur ou jusqu’à la coque du bateau. L’arraché de la soie à longue distance n’est de ce fait presque jamais pratiqué. Ceci me paraît exclure la canne à deux mains et imposer la canne à une main, l’autre main restant disponible à la fois pour le travail du leurre et pour participer au lancer.

Pour ma part, j’apprécie l’action de pointe non seulement parce que cela convient à mon tempérament, mais surtout parce qu’elle permet des posés rapides et précis à courte distance et facilite le travail du leurre.

Un bras de levier aussi long que possible et que compatible avec l’utilisation d’une canne à une main assure l’efficacité et la sécurité des lancers ainsi que la manoeuvre du poisson ferré. C’est ce qui m’a fait ranger le fabuleux outil à lancer de 7 1/2 pieds en bambou refendu évoqué plus haut parce que trop court pour ce genre de pêche.

Enfin l’encombrement d’une canne démontée est un facteur important de confort ou d’inconfort dans les déplacements et à ce titre ne doit pas être oublié ou considéré comme négligeable.

J’ai commencé avec une dix pieds, soie de 10, en deux brins, achetée moins de mille francs, excellente mais de transport malaisé. J’ai essayé une autre dix pieds en deux brins soldée moins de trois cents francs en grande surface. Donnée pour une soie de 6 elle en supportait bien davantage et imposait le remplacement de tous les anneaux d’origine d’un trop petit diamètre. Bon exercice d’habillage de canne mais dépense superflue car trop encombrante elle reste dans sa housse.

Après quelques essais de différentes formules, dont certains inutiles et dispendieux, j’en suis arrivé à la conclusion que le matériel adapté consistait en une canne à une main de 9 à 10 pieds, d’action de pointe, d’une puissance vraie permettant de lancer une soie de numéro 9 AU MINIMUM. En ce qui concerne le confort des déplacements: canne multibrins dans toute la mesure du possible et en tout cas dès que l’engouement pour ce type de pêche est acquis et justifie le sacrifice financier correspondant.

Depuis quelques années déjà j’ai utilisé, avec satisfaction totale et sans réserve, des cannes SAGE de 9 1/2 pieds en quatre brins pour soie numéro 9 et supportant sans problème un numéro 10 WF ou BBT (Référence: SAGE GRAPHITE III RPL 996). Tout naturellement j’en suis arrivé pour le plaisir à la construction d’une canne personnalisée en bambou refendu de 10 pieds, soie numéro 10, en quatre brins.

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