Streamer de base
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Structure de “MOUSTACHE”, streamer de base d’un ensemble modulaireLa pêche au streamer est praticable presque tout le temps et partout. Elle l’est en toutes saisons, en profondeur aussi bien que dans la pellicule, sur les hauts-fonds et les herbiers. Avec un anti-accroche efficace, elle l’est encore, même dans des endroits très encombrés. Pour ma part, ce n’est que très exceptionnellement que je pêche sur la surface c’est-à-dire seulement lorsqu’il n’est possible de faire pénétrer ni bas de ligne ni leurre dans l’eau. C’est le cas lorsque, au milieu d’un grand tapis de nénuphars, il ne subsiste que des trouées de la grandeur d’un mouchoir de poche. C’est encore le cas lorsque, montant du fond, les grandes herbes des savanes aquatiques s’étalent en surface et recouvrent de larges étendues. La plupart du temps j’utilise le streamer “Moustache” représenté ci-contre. Il est structuré sur la base des observations relatées plus haut. De conception personnelle, il s’est inspiré, en ce qui concerne la grande taille et l’emploi de fibres de mylar, du “357 Magnum” créé par Thierry CLOUX, leurre dont une large pratique m’avait permis d’apprécier l’efficacité mais aussi les limites.
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des hameçons en tandem, un double et un simple
systématiquement protégés par un anti-accroche, ce dernier interchangeable
avec un triple Quelle est la justification fonctionnelle de chacun des éléments de ce dispositif ? La confection des anti-accroche est illustrée dans la fiche de montage. Ce dispositif de conception personnelle n’a rien de révolutionnaire. Il s’est inspiré de quelques systèmes existant sur le marché dont, à l’usage, j’avais pu apprécier les qualités et les imperfections dont certaines me paraissaient rédhibitoires. Depuis quelques années j’utilise tel quel celui qui est présenté ici car, sur le terrain, il a fait preuve d’une grande fiabilité. Il surfe à l’aise sur les tapis de nénuphars, il slalome sans difficulté dans les grands herbiers de pleine eau. Il se faufile et escalade sans encombre dans les forêts de potamots et même dans les bois noyés; pour autant que le leurre y soit travaillé avec doigté et sans à-coups brutaux! L’arrondi du fil d’acier, ses branches bien écartées et le pontet terminal coiffant l’ardillon, en retrait à la fois vertical et longitudinal, en font un déflecteur bien maintenu en place grâce à la flexibilité du matériau. Son mode de fixation le laisse libre de jouer à l’intérieur de la courbure de l’hameçon permettant à sa gorge de rester bien ouverte au ferrage. Il n’occulte pas partiellement la lumière de l’oeillet et lui conserve tout son diamètre pour un passage aisé de l’agrafe de fixation au bas de ligne, une des conditions de la bonne mobilité du leurre. Ceci n’est pas le cas dans certains montages commercialisés ou préconisés dans des écrits spécialisés. Ce mode de fixation le fait se
comporter comme un ressort dont la force est suffisante pour résister à
l’impact de fin de lancer, aux chocs modérés, notamment aux chocs latéraux
contre les obstacles immergés. Ce qui n’est pas le cas quand il est disposé
en appui devant l’ardillon comme on le voit souvent pratiquer. Par contre
cette protection dégage instantanément la pointe de l’hameçon en cas de
choc brutal ou à la touche lorsque ce ressort est comprimé sous la pression
des mâchoires du poisson. En ce qui concerne d’éventuels ratés au ferrage, s’il y a une différence avec ou sans ce dispositif, celle-ci a été trop minime pour pouvoir être remarquée. En tous cas, il y en aurait-il une et serait-elle démontrée, que j’en accepterais très volontiers le risque tant l’emploi de cette protection accroît le plaisir et l’efficacité de la pêche sur les zones de prédilection du brochet qui, sans cela, seraient inaccessibles. Sur les grandes tailles d’hameçons à hampe longue (6/0) souvent utilisés, la corde à piano de 30/100ème est au diamètre optimum. En dessous de 30/100ème, le ressort est trop faible et la protection ne tient pas bien en place. Au-dessus de 30/100ème, il est trop fort et celle-ci tient au contraire trop bien. A noter encore qu’avec des hameçons plus petits (3/0 et en dessous) ou à hampe plus courte, cet anti-accroche reste très fonctionnel. Mais dans ce cas la corde à piano même fine est encore trop raide et ne convient pas. Elle est alors à remplacer par de la crinelle d’acier plus souple. L'utilisation de la crinelle 6 brins est également à préférer même sur des hameçons de grande taille lorsque, par manque d'habitude, le cintrage de l'anti-accroche s'avère malaisé lors du montage, notamment sur des hameçons double. L’hameçon de tête du streamer "Moustache" est un hameçon double et lourd (Référence: Partridge P Saumon taille 3/0, Poids nu: 1,7 gr). L’hameçon de queue est simple et beaucoup plus léger (Type: Kamazan B 940, Taille 2/0, Poids nu: 0,5 gr). Le premier hameçon, pointes en bas, sert de quille et de stabilisateur horizontal. Il joue aussi le rôle de lest de basculement du leurre, tête la première, lors de relâchers qui font se déployer et onduler de façon très attractive les brins de mylar de l’aile. A la courbure de ce premier hameçon est fixée une grande boucle de crinelle de même résistance que celle du bas de ligne. La longueur de cette boucle est choisie en fonction de la longueur souhaitée du montage de base. En la matière, il semble préférable de ne pas dépasser 10 centimètres entre les deux hameçons. Les dimensions ordinairement choisies sont 5/5/5/5 (hameçon de tête/liaison/hameçon de queue/queue) soit hors tout 20 centimètres. Ceci permet à la fois de conserver une certaine amplitude dans l’ondulation des fibres lors des relâchers et peut-être aussi de ne pas risquer une prise en gueule par le travers entre les deux hameçons. Sur cette grande boucle, en quelque sorte colonne vertébrale du montage, sont enfilés un tube tressé (genre Mylar piping) le cas échéant passé au vernis souple ou très légèrement cyanolité, puis un coulisseau en caoutchouc et en dernier un émerillon à agrafe. Cette façon de faire permet d’obtenir, si nécessaire, une raideur suffisante pour soutenir souplement la deuxième partie de l’attelage. L’hameçon simple de queue s’attelle à l’agrafe du premier. Il peut être positionné à volonté, pointe en haut, en bas ou sur le côté, en rigidifiant la jonction crinelle-émerillon-hameçon à l’aide du coulisseau souple. On notera encore que ce deuxième hameçon est muni d’une agrafe montée elle aussi en queue. Ceci permet d’allonger le leurre à volonté et, à partir de la configuration de base, autorise toutes les combinaisons souhaitables. Cet hameçon simple peut également être remplacé par un petit triple non protégé le cas échéant.
La batterie de trois moustaches en tête a pour fonction de brasser l’eau lors du travail du leurre. Pour ce faire, ses constituants assez raides (gros fil de nylon, ultra-hair etc..) sont assemblés de telle sorte que le montage (tours de fil en huit, point d’attache cyanolité, enroulement serré de la chenille) leur conserve cette propriété et les maintienne perpendiculairement à la hampe de l’hameçon. Ainsi, à la tirée, ce montage produit une forte traînée et fait frétiller tous les matériaux qui sont assemblés derrière lui. L’ensemble des moustaches est retaillé en biais pour élargir cette traînée et un peu plus court d’un côté de la hampe que de l’autre. Cette légère asymétrie imprime au leurre un mouvement latéral plus ou moins ample et saccadé selon la cadence et la vivacité de la tirée. En ce qui concerne l’habillage proprement dit, le mylar utilisé pour l’aile et le ventre a l’aspect d’un tinsel plat et fin (0,3 mm de large). Son extrême légèreté le fait frémir à la moindre sollicitation. Il ne pèse en effet qu’environ 0,8 gramme pour cent mètres et il n’en faut que l’équivalent de quelques mètres par streamer. Ce matériau se trouve en mèches sous diverses appellations dont la très suggestive “Mobile” de Lureflash. On notera que les fils de mylar commercialisés sous intitulé “Crystal hair”, “Crystal flash”, “Rainbow”, sont tire-bouchonnés et, de ce fait, sont moins souples et ne travaillent pas de la même façon. Comme autres garnitures en tête, j’ai pris l’habitude de coller des yeux et d’utiliser de la chenille. Celle-ci est choisie, de préférence mais sans trop y croire, de couleur à dominante rouge, complémentaire de celle de la végétation aquatique. Il se dit et s’écrit que les yeux constituent un repère indispensable. Je n’en suis pas vraiment persuadé puisqu’il m’arrive de continuer de pêcher avec des leurres qui les ont perdus sans que cela paraisse influer sur le rythme des prises. Pourtant j’en mets au montage ou j’en recolle systématiquement au retour de pêche parce que, ainsi affublés, ils prennent un petit air amusant. Toutefois, je ne retiens que ceux qui sont en forme de demi-bulle creuse en plastique contenant une bille mobile susceptible de bruiter à chaque tirée ou relâcher. En ce qui concerne l’hameçon de queue, le montage de base est constitué de deux lanières de peau de lapin ligaturées sur toute la hampe. Celles-ci la prolongent d’au moins une bonne longueur pour former une queue très mobile qui godille. En tête se fixe une garniture de bucktail en cône servant de déflecteur et empêchant les lanières de boucler. Je les choisis généralement de couleur rouge pour les raisons déjà invoquées mais toute autre couleur claire comme un jaune fluo fait aussi bien l’affaire. Un peu délicat à lancer mais extrêmement performant, le streamer “Moustache” est celui que j’utilise la plupart du temps, n’en choisissant un autre que lorsqu’un contexte particulier l’exige. Dans la boîte à leurres il n’a pas fière allure. Attaché au bas de ligne et fixé à l’accroche-hameçon de la canne il a l’air d’un morceau de guirlande détaché d’un arbre de Noël. Mais dès qu’il s’anime dans l’eau, c’est une toute autre affaire, il devient poisson plus vrai que nature et il est pris au sérieux. Ce sont tous les gros brochets qui en avaient vu bien d’autres et qui me l’ont dit en montant prendre le thé dans le bateau! C’est pourquoi, à l’intention de ceux qui souhaiteraient l’essayer, et il en vaut la peine, son protocole de montage est donné dans un encadré à part. S’il n’est certes pas à choisir comme exercice d’école par un novice, il ne comporte pas de difficultés insurmontables pour un débutant qui a franchi l’étape de ses premières armes. Un monteur confirmé le réalisera aisément. |